Les populations et les agents de l’Etat se disputent la paternité des espaces des terres. Les populations sont accusées par les propriétaires des terres d’envahir leurs concessions. De leur côté, les propriétaires sont accusés par les populations riveraines qu’ils étendent les limites de leurs espaces. Ce qui les met en conflits parfois sanglants en perpétuité dans les localités de Kibumba, Rusayo, Mudja.
A Kibumba, Kibati, deux localités du territoire de NYIRAGONGO, les conflits des terres opposent la population et l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature « ICCN ». Les populations riveraines sont accusées d’avoir détruit l’écosystème des périmètres de ce parc. Par contre L’ICCN est pointé du doigt par la population de Mbati, Ndamukoro, Rutoke et Ruzave toujours dans le même territoire pour le déplacement des délimitations du Parc National de Virunga. Dans le territoire de Rutshuru, le conflit foncier entre la population et le domaine de Katale a des liens à l’envahissement de ce domaine par la population, mais aussi du fait que le domaine occupe aussi des espaces de terres appartenant aux populations, notamment à Biruma. Dans ce coin de la Province du Nord-Kivu, existent aussi des conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs à Kibumba, c’est le cas des concessions de Buhumba et Kibati. Le Conflit entre éleveurs et agriculteurs sont visibles surtout à Biruma, Rubare, Kabaya et Kalengera et plusieurs autres coins de la province. Tous ces conflits sont causés par le manque de pâturages communautaires et les éleveurs font brouter leurs vaches dans les champs des agriculteurs. Dans d’autres parties de la province les conflits entre population et certains agents de l’Etat sont causés par l’ignorance de la population sur la loi foncière, stipulant que, « le sol et sous-sol appartiennent à l’Etat ». L’exemple le plus récent, c’est celui du pâturage communautaire à Kibumba et Buhumba, où les communautés se sont soulevées pour dénoncer un accaparement des terres. Des populations locales qui se sont vues, leurs terres confisquées par les grands dignitaires ou les intouchables. Cet espace a été donné à un parlementaire national ce qui a été à la base des conflits entre les populations de ce coin et les responsables de l’Etat dans ce milieu.
Goma affectée
Goma est le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, qui est aussi affectée par les conflits fonciers et parcellaires. Parmi les problèmes, l’acquisition de ces espaces, ne facilite pas la cohabitation pacifique des communautés. Dans la ville, on note aussi les conflits fonciers liés au lotissement anarchique des parcelles par les services compétents notamment le service de cadastre. Un autre conflit foncier qui existe en ville de Goma est celui lié aux limites entre la ville, le Parc National de Virunga, et la gestion des sites touristiques de Mugunga et du quartier lac vert. Un acteur de la société civile qui a requis l’anonymat précise que, les autres causes de ces conflits fonciers sont dues à la recherche des postes de service, la course au pouvoir, l’intérêt égoïste, l’usurpation du pouvoir, le trafic d’influence, etc. Curieusement, les commanditaires de ces conflits sont les autorités politico administratives, les organisations non gouvernementales, les autorités des confessions religieuses… ajoutent nos sources. Ces conflits impactent ainsi négativement dans la région car provoquant des dégâts incalculables : « tueries, assassinats, mauvaise gouvernance, corruption, concussion ».
Les conflits fonciers à Goma sont très fréquents, sont causés par l’exode rural, conflits armés, conflits de succession (dans les milieux ruraux), lotissement anarchique, morcellement des parcelles et désordres au sein du service cadastral. Dans les services de l’Etat, les acteurs majeurs sont : le service d’urbanisation, les cours et tribunaux, les services de titres immobiliers, les chefs des quartiers, les chefs d’avenues, les héritiers pour l’octroi de certains documents. L’augmentation démographique
Contribue aussi à l’émergence de ces conflits car Goma compte aujourd’hui plus d’un million et demi d’habitants.
Le manque en est une source
Le manque des terres arabes occasionne plusieurs conflits et la police s’ingère dans les affaires coutumières et civiles de la population qui ne la concerne pas explique Dufina Tabu, activiste des droits de l’homme au sein d’ASVOCO « il y a des tracasseries et des débordements dans les attributions ces policiers, tout le monde veut faire le travail de tout le monde, cela prête à confusion » se désole-t-il. Le conflit foncier entre population elle-même est causé par l’insuffisance des champs, problème de succession, surtout dans des familles où il y a beaucoup d’enfants. C’est le cas d’un conflit foncier oppose depuis plusieurs mois, deux communautés, dans le groupement Bashali Mukoto, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu. L’une d’elles est essentiellement constituée d’éleveurs venus de Burungu, dans le groupement Bashali/Kahembe, et l’autre d’agriculteurs, composée notamment des déplacés vivant dans le camp de Kitso. Les déplacés de Kitso, qui se disent chassés de leurs champs et contre accusent ces familles d’occupation illégale de leurs terres. Déogracias Karubi témoigne à ce terme: «Nos champs les plus proches sont occupés par des inconnus. Nous ne pouvons plus y accéder. On nous dit que ces familles viennent de Burungu. Mais, quand nous avons vérifié, ce sont des Rwandais, qui arrivent progressivement. Nous ne cohabitons pas avec eux. Nous sollicitons une réponse des autorités, parce que nous ne savons quoi faire.» déclare-t-il. Les occupants eux, tout en reconnaissant ne pas disposer des terres, sollicitent la médiation des autorités provinciales. Muregatete Ephrem réplique à ces termes : «Cette terre n’appartient à personne. Nous venons pour nous mettre ensemble. Nous ne savons pas où aller. Quand les autres nous voient, ils nous considèrent comme des méchants. Nous demandons qu’on nous réconcilie, car nous sommes tous des Congolais et devons partager cette terre.» soutient-il. Cette situation crée une vive tension entre les communautés locales et les déplacés de guerres. Elle risque de dégénérer si, l’on n’y prend pas garde préviennent plusieurs observateurs lucides.
Patrick Felix ABELY