L’inconscience des auteurs des grossesses et le sang-froid des parents poussent des jeunes femmes à l’avortement caché voire même à l’infanticide. La loi de la RDC considère jusqu’à ce jours, ces actes comme des crimes, mais souvent, elle ne s’applique pas par manque des moyens pour assimiler leurs auteurs.
Selon un infirmier d’un centre hospitalier de Goma, certaines jeunes femmes viennent parfois dans leur structure médicale pour un accouchement d’un bébé et se volatilisent sans autre forme de procès « une jeune femme est venue avec une contraction, nous l’avions assistée pour son accouchement et elle a été porté disparue jusqu’à présent » témoigne Jean-Claude Kasoki, infirmier au centre de santé Matumaini de Katindo gauche à Goma. Cet infirmier dit avoir tenté de sauver de justesse la vie de ce nourrisson avec des moyens qu’ils disposaient « on a tout fait pour sauver ce bébé en le couvrant par des couvertures pour obtenir des chaleurs car nous n’avons pas une couveuse ici, en attendant qu’il soit transféré à l’hôpital provincial de Goma » raconte-t-il. Pendant ce temps, le bébé a été transféré à l’hôpital précité et suivi par des médecins qualifiés. Très souvent, l’abandon d’enfants ternit l’image de marque de la fille mère à Goma au même niveau que les avortements cachés ainsi que les infanticides, qualifiés dans notre pays comme des crimes. A en croire notre constitution dans son article 16 « la vie humaine est sacrée. L’Etat Congolais à l’obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au développement de sa personnalité dans le respect de loi, de l’ordre public, du droit d’autrui …
Implication mitigée
En tout état de cause, la responsabilité des actes d’avortement et d’infanticide est partagée. Nos sources avancent que, la pauvreté serait à la base de cette pratique, l’une d’elles, Marie –Jules Kahindo nous en dit plus « la débauche les expose à des grossesses indésirables, nous n’avons pas parfois le choix » se confie- elle. Cette jeune fille mère a été coincée par la conjoncture, ses parents n’avaient plus de quoi à lui payer les études moins encore de couvrir certains de ses besoins. Elle se mettra à courir derrière des hommes nantis et va tomber enceinte « ma grossesse n’a été digérée par mes parents et m’ont chassé de la maison et à ce jour, je me débrouille seule en femme libre » ajoute-t-elle. Nos enquêtes menées à Goma révèlent que, certains parents n’acceptent pas de prendre en charge leur fille avec le bébé moins encore leur gendre avançant l’argument de la conjoncture économique très compliquée de la République Démocratique du Congo. Paluku Ngahangondi Casimir, un parent qui n’accepte pas que cet incident arrive à l’une de ses quatre filles, sa réponse est sans appel quant à ce, « nos filles ne comprennent pas que la situation économique de notre pays nous amène parfois à détester même ses propres enfants. Elles nous ramènent des grossesses qui n’ont pas d’auteurs avec toutes les conséquences qui s’en suivent. Ces filles n’ont pas de la place chez moi car cela m’apportera plus de charges et d’elle et de son fils » se désole-t-il. Par contre, d’autres parents se montrent philanthropes et fustigent ces genres de comportement. C’est l’exemple Moïse Ndamwenge, un père, la soixantaine révolue, teint clair, barbe blanche et crâne rasé donne son avis par rapport à ce rejet avec un ton mesuré « une fois ma fille enceinte d’un inconnu, je me dois de m’interroger sur ma part de responsabilité. Je ne peux jamais la mettre à la porte car je risquerais de gâcher sa vie. Si cela m’arriverait, je dois l’offrir une seconde chance, l’encadrer, l’orienter et l’aider à poursuivre ses études après cette période d’épreuve grave » souhaite-il. Des avis approuvés par certaines victimes dites ‘’ filles mères’’ : on tombe enceinte par mauvaise chance, mais beaucoup se débarrassent de leur fœtus, sans faire trop de bruits.. Nous qui sommes attrapées devenons objet des critiques et des stigmatisations. C’est la raison qui nous poussé parfois à avorter clandestinement afin de récupérer si vite notre place au sein de nos familles. Nous sollicitons au gouvernement d’autoriser l’avortement d’une manière officielle.
Aggravation et faiblesse
Les avortements cachés sont de plus en plus nombreux à Goma car il ne se passe pas une semaine sans qu’un fœtus soit retrouvé emballer dans l’un des 18 quartiers populaires de cette ville touristique de Goma. Cette affirmation est de Mutete Mwenye Mali, Chef de quartier Himbi qui révèle qu’à l’espace de trois semaines, on dénombre 21 cas des fœtus emballés dans des sacs en plastique « par manque d’un recensement, le quartier à l’impossibilité d’intercepter et retrouver les présumes auteurs de ces meurtres. Au –delà de tout ça, nous ne parvenons pas à différencier les filles délinquantes et les filles mères libres » regrette-t-il.
Des sources proches de la mairie de Goma, depuis le mois de mai dernier, le service d’hygiène, assainissement et santé publique du maire a déjà ramasser 14 fœtus dans les caniveaux et 5 bébés avec des signes d’étranglement, retrouvés dans les poubelles à ciel ouvert au quartier Mapendo à Birere. Interrogé à ce sujet, le Pasteur Gustave Kamana, de l’église 5e CELPA/SIMIRNE souligne qu’avorter, est assimilable à un meurtre « même notre constitution souligne quelque part, quiconque avorte tue.. Pourtant Dieu nous enseigne que la vie humaine est sacrée. C’est pourquoi, j’appelle les jeunes filles mères à la raison 5 cas d’infanticide dans une courte période dans la ville comme la nôtre, ce sont des morts de trop et cela me donne la peur au ventre, où allons –nous ? » s’interroge-t-il. Malgré ces dénonciations contre ces pratiques, de nouveaux cas d’avortements continuent à s’enregistrer et des fœtus retrouvés d’un quartier à un autre de la ville de Goma. Parfois d’autres jeunes filles quittent d’une région pour Goma afin d’avorter et repartir en état normal chez elles. Elles se débarrassent des fœtus même de 5mois avec tous les risques que comportent ces interventions pour la plupart de fois, moins professionnelles au risque péril de leur vie nous a confié un professionnel de la santé qui a requis l’anonymat.
Norbert Mwindulwa