Festival Amani, 7e édition : Durant 3 jours à Goma, la musique a été un élément fédérateur de la paix

Durant 3 jours  à Goma, soit du 14 au 16 février 2020, la musique a servi d’élément fédérateur de paix via une combinaison de sons favorables à la fois à la cohabitation pacifique entre tous les peuples de la Région des Grands Lacs et à l’imposition du silence des armes. Il s’est agi de la 7e édition du Festival Amani, une lutte idéologique contre les ennemis de la Paix, dans les installations du Collège Mwanga. Les détracteurs du Festival ont mené parallèlement une  contre-campagne pour décourager cette initiative ; mais ce fût un véritable succès.

le Musicien Innos’B preste au Festival Amani à Goma

Plus de 20 formations musicales venues de presque partout  ont fait planer dans le ciel de la ville de Goma l’auréole de la paix, à travers une démonstration musicale hors-pair. Les prestations ont eu lieu devant un parterre de plus de 12 000 festivaliers par jour, ce qui fait, à en croire la statistique approximative de billets vendus, une affaire évaluée a plus ou moins 36 000 festivaliers, toutes provenances confondues. Huit  artistes internationaux ont été de la partie : Dobet Gnaoré de la Côte d’Ivoire, Mbilia Bel de la RDC, Euforquestra des Etats-Unis, Innocent Balume de la RDC, Faada Freddy  du Sénégal, Bill Ruzima du Rwanda, Didier Awadi  du Sénégal et Professor Jay de la Tanzanie. Parmi les artistes régionaux, il y avait Serge Capuccino,  Céline Banza, Gaz Mawete,  Kris Dane de Goma,  sans oublier les stars d’USX de la Belgique et ceux de Requiem pour la Paix du Nord et Sud-Kivu.  Mbilia Bel, Innocent Balume, Serge Capuccino et Gaz Mawete ont eu ceci de particulier qu’ils ont valablement représenté Kinshasa, siège des institutions de la République Démocratique du Congo, pays hôte du Festival.  Innocent Balume et Serge Capuccino, en plus d’avoir représenté Kinshasa, ont été dans ce festival haut en couleurs de la paix, sur une terre qui les a vus  naître et grandir. Six  groupes locaux, Goma et Bukavu confondus, ont été sélectionnés pour jouer en guise de lever-de-rideaux. Parmi eux : SLM, Honoram, Alphaz, Glomaneka, Grand Mike Jazz  et Jam Session. Pour apporter le goût du terroir à ce festival unique en son genre, la musique folklorique n’a pas été laissée pour compte. Des groupes comme Témoignage Ebola, Bal Intercommunautaire, Step Crew, Ndaane et Les Acrobates ont réussi à combiner des sons dans le sens de formuler un plaidoyer qui n’a pas été forclos. L’ambiance a été totale durant cette 7e édition qui a eu lieu dans un décor planté sous forme d’un village communautaire arboré d’une multitude de stands occupés par des organismes de défense de la Paix, chacun selon son domaine d’intervention. Il y a eu, à titre illustratif, le Programme des Nations Unies pour le Développement, la Mission onusienne  pour la Stabilité en République Démocratique du Congo, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Fédération des Comités des Pêcheurs Individuels du Lac Edouard et la liste n’est pas exhaustive.  A l’observer de près, la 7e édition du Festival Amani n’a eu rien à envier, en termes de décor et d’ambiance, aux fêtes ‘’estivales’’, entendez ‘’fêtes d’été’’ qui ont lieu à Kinshasa durant les saisons foraines.  La rencontre a été rehaussée de l’implication personnelle du ministre du gouvernement central en charge de la culture et des arts, Jean-Marie Lukundji Kikuni. Le numéro un de la culture et des arts congolais a fait le déplacement de Goma en vue à la fois d’inaugurer cette 7e édition et d’honorer de sa haute présence ce grand rendez-vous culturel qu’il a déclaré être une proposition louable, sa contribution dans l’établissement de la paix parmi les pays  de la Région des Grands Lacs. En plus de se produire sur le podium, les artistes ont aussi eu accès à la parole articulée durant les points de presse qu’ils ont respectivement accordés aux journalistes, chacun à l’issue de sa prestation. Mbilia Bel par exemple a trouvé des mots justes pour parler de cette année qui est encore à son 2e mois comme étant l’année de l’action axée sur la paix, une façon pour elle de renforcer le programme du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. Dobet Gnaoré, la chanteuse ivoirienne, exige qu’à la paix soit ajouté l’amour, en vue de son renforcement. Quant au sénégalais Faada Freddy, les congolais ont l’obligation de cultiver en premier lieu la paix intérieure.

Jeannine Mabunda a rehaussé de sa présence le Festival

l’honorable Jeannine Mabunda , lors de son arrivée à Goma pour faire un état de lieu sécuritaire dans l’Est de la RDC

L’importance du Festival Amani s’est confirmée par la présence parmi les festivaliers d’une autre haute présence, celle de Jeannine Mabunda, président de la chambre basse de l’Assemblée nationale. Le speaker de la Chambre basse du Parlement avait mis à profit sa tournée de solidarité à l’intention de ses compatriotes de l’est pour  apporter en même temps sa pierre de participation   à cet événement de cohabitation pour la paix.  La présence de la première dame du Parlement à l’est (Goma, Beni, Bunia Bukavu…) fait suite aux plaidoyers faits par les élus du Nord-Kivu durant les dernières sessions parlementaires dans cette partie de la République.  Jeanine Mabunda est allée donc voir de ses propres yeux et fouler de ses propres pieds le sol des réalités du terrain. C’est lors de son mot d’arrivée à l’aéroport de Goma qu’elle nous a fait l’honneur de porter à notre connaissance l’importance  que revêt la tenue d’un tel festival qu’elle a  défini être l’un des moyens efficaces pour promouvoir la paix. Dans la même foulée, le numéro un des députés nationaux a trouvé des mots justes pour saluer la bravoure des éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo  ainsi que le savoir-faire des médecins en charge du traitement de la maladie à Virus Ebola.  L’honorable avait pour l’accompagner au festival quelques députés du Grand Kivu parmi lesquels : Louise Munga, l’élue de Fizi/ Sud-Kivu, Maguy Rwakabuba de Rutshuru, Adèle Bazizane de Nyiragongo, Jean-Paul Segihobe de Rutshuru, Patrick Munyomo de Goma, sans oublier lui-même le Gouverneur du Nord-Kivu, Carly Kasivita.

Les violons ne se sont pas accordés entre organisateurs et ressortissants de Beni

les militants du MNC donnent leur point de vue sur la continuité du Festival Amani

Il faut souligner que la combinaison des sons qui s’est produite durant ces 3 jour  de festival à Goma n’a pas été agréable aux oreilles de la population de Beni, où continuent à sévir les groupes rebelles. Les habitants de ce grand territoire,  jusqu’ici en proie à la guerre, ne veulent plus entendre de leurs oreilles les ‘’bruits’’ de ce festival dont ils accusent les organisateurs d’être de simple businessmen à la recherche des fonds auprès des blancs, avec comme moyens de réussite l’exposition de la situation sécuritaire volatile qui prévaut à Beni. A en croire un ressortissant de Beni que nous avons approché à Goma sous le voile de l’anonymat, ‘’dans cet assemblage d’instruments apparemment fait pour la paix, il y a quelque chose qui se cache sous la grosse caisse.’’

C’est ici le lieu de remarquer que si les instruments de percussion, du moins à travers leurs sons, ont eu des répercussions sur les états d’âme des festivaliers, les violons par contre sont jusqu’ici loin de s’accorder entre les organisateurs de ce festival, qui en est déjà à sa 7e édition, et les ressortissants de Beni qui militent pour l’annulation pure et simple de ses prochaines éditions. L’honorable Jeannette Kavira Mapera, l’élue de Lubero, que nous avons rencontrée à son atterrissage à l’Aéroport de Goma à destination de son fief électoral pour vacances parlementaires, révoque en partie en question la tenue de ce festival à cause des kidnappings qui ont eu lieu lors de sa 6e  édition.   L’ex-ministre du gouvernement central en charge de la culture et des arts parle toutefois de la possibilité de la maintenir mais à condition qu’elle ne nous apporte pas un semblant de paix à travers les festoiements pendant qu’à Beni, les populations sont en deuils permanents. Pour elle, ce festival doit nous aider à contribuer à mettre fin à la guerre.    Un autre son de cloche en provenance de Beni fait état de l’acceptation de cette organisation mais sous réserve que les fonds récoltés à son issue servent à venir à la rescousse des habitants de ce grand territoire en détresse en vue de les aider à atténuer les affres auxquelles ils sont tous les jours exposés. Cette préoccupation, nous l’avons soulevée à l’intention de Guillaume Bisimwa, Directeur Général du Festival, lors du point de presse de restitution qu’il a tenu le lendemain de la clôture de ce dernier.  Dans  sa réponse, l’organisateur nous parle de cet aspect de la chose comme ne relevant pas de leurs attributions. A contrario, Guillaume Bisimwa nous parle du Festival Amani comme étant un simple vecteur de messages de paix, de cohabitation pacifique, et pourquoi pas, dans le cas de Beni, de recherche et de sollicitation des fonds pour voler au secours des victimes de guerre.  Guillaume Bisimwa se déclare ouvert à toutes les propositions qui vont l’aider à envisager la possibilité d’améliorer la tenue de prochaines éditions.

Entre le pour et le contre il  y a le sérieux                         

Mbilia Bel prsete dans le Festival Amani , sans commentaire

Sans emboucher la trompette à l’initiateur du Festival ni prendre faussement son parti au détriment des autres, Norbert Mwindulwa, patron du journal L’Emergence Plus, que nous avons eu l’honneur d’interviewer, reste objectif et se déclare favorable à la tenue régulière du Festival. Dans ses explications faites sans prétextes apologétiques, l’éditeur, comme dans un éditorial et après investigations, tire les choses au clair:

« Le festival Amani n’est pas du business comme le croient certains. Toutefois, comme l’a déclaré le ministre de la culture et des arts, entre le pour et le contre, il y a le sérieux. Ce sérieux, c’est que le Festival Amani est une structure de recherche de paix et à but non lucratif. La preuve en est que son budget des dépenses est évalué à 350 000 $ alors que celui des voies et moyens ne se trouve chiffré qu’à 36 000 $, au prorata du nombre des festivaliers pour les 3 jours, soit à peu près le un-dixième de dépenses engagés : billets d’avions aller-retour pour artistes, locations des chambres, frais de prestation pour chaque artiste et bref, leur prise en charge totale, sans compter l’enveloppe octroyée aux 4 gagnants du concours ‘’Jeune entrepreneuriat’’ et autres frais qui ont concouru pour la meilleur tenue du Festival »

   La MONUSCO a disponibilisé la radio Okapi

les journalistes de la Radio okapi étaient présents au Festival avec la diffusion en directe de leurs émissions sur les ondes de cette Radio

La participation de la MONUSCO a été plus que significative dans la mesure où en plus d’avoir été chargée de toute la logistique du Festival, elle a, pour une large et meilleure prise de parole par les festivaliers, disponibilisé sa Radio Okapi.  Au travers de ses ondes, la radio onusienne émettant en République Démocratique du Congo a permis aux participants au Festival de faire entendre en direct  leurs voix et messages de paix à l’intention de tous ses auditeurs disséminés à travers la RDC. La radio Okapi a réussi à réunir autour de la table de speakage de son émission ‘’Parole aux éditeurs’’ les différentes couches de la population gomatracienne qui ont chacune donné son point de vue sur la paix à l’est et dans la Région des Grands Lacs. La mission onusienne a donc aidé les festivaliers à avoir voix au chapitre et à apporter plus loin leurs messages de manière directe et sans ségrégation. C’est du choc des idées récoltées durant diverses prises de parole qu’a jailli la lumière autour de la paix qui a été durant 3 jours au centre du Festival. A nous revoir en 2021 pour la 8e édition.

Saint-Germain Ebengo .

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